Représentation

Entretien avec Sébastien, Secrétaire de l’Udaf 65 et bénévole engagé : une envie de s’investir sur des sujets importants.

En décembre, l’Unaf propose l’opération « Merci pour les familles » pour célébrer le bénévolat. A cette occasion, l’Udaf a souhaité faire un portrait de certains de ses bénévoles afin qu’ils racontent leurs parcours de bénévoles, qu’ils nous expliquent comment et pourquoi ils en sont arrivés à faire du bénévolat, ce que ça implique et comment l’articuler avec une profession quand on est encore actif ou avec une vie de famille.

Nous avons rencontré Sébastien, secrétaire de l’Udaf 65, le 11 décembre dernier. Il a eu la gentillesse de venir entre midi et deux sur sa pause déjeuner. Sébastien à 41 ans et est donc toujours en activité. Il exerce le métier de psychologue en milieu scolaire et a en parallèle son propre cabinet de consultation. Sébastien est engagé dans le bénévolat depuis quelques années. Il nous indique qu’il est marié et papa de deux enfants qu’il a adopté, une fille de 13 ans et un garçon de 2 ans.

Pour commencer, pouvez vous présenter votre parcours associatif ?

Actuellement, je suis bénévole président de l’association Enfance et Famille d’Adoption 65 (EFA) et j’y suis aussi au niveau national en tant qu’administrateur. Je suis également impliqué au sein de l’UDAF 65 en tant que secrétaire du Bureau. J’ai rencontré le bénévolat pendant mes études, je me suis engagée dans l’association des étudiants en psychologie du travail dans mon université et j’y ai pris la fonction de président. J’ai donc commencé comme ça en aidant les autres étudiants. Après une pause de quelques années, 5 ans environ pendant lesquelles je me suis consacré au lancement de ma carrière professionnelle, j’ai repris le bénévolat en m’engageant auprès d’Enfance et Famille d’Adoption. Je me suis rapproché de cette association car nous étions dans les démarches d’adoption de nos enfants. J’ai commencé par un rôle de membre associé, puis je suis devenu secrétaire de l’association. Nous étions dans un département du nord de la France et ensuite nous avons déménagé dans les Pyrénées. L’association locale manquait un peu de bénévoles, ils m’ont demandé si je pouvais m’impliquer et devenir Président. Comme je souhaitais continuer mon engagement, je suis devenu bénévole auprès d’EFA dans le département. Je trouvais logique d’aider une association qui m’avait apporté beaucoup d’aide et de soutien. Ensuite, l’UDAF m’a contacté pour savoir qui de l’association EFA 65 était désigné sur le poste réservé au sein du Conseil d’Administration et c’est comme ça que je suis devenu bénévole à l’UDAF 65. J’ai d’abord été administrateur, puis membre du Bureau et aujourd’hui secrétaire du Bureau. J’ai accepté de siéger au sein du Conseil d’Administration car ça coulait de source pour moi de donner de mon temps pour aider les familles.

Comment définiriez-vous le bénévolat ? Pouvez-vous nous dire ce que cela vous apporte et si vous envisagez d’être bénévole indéfiniment ?

Pour moi, le bénévolat est un don de son temps sans contrepartie dans le but d’aider les autres. On dit souvent qu’on sera bénévole à la retraite parce qu’on n’a pas le temps. Moi je pense que le bénévolat, c’est soit on l’a en soi, soit on ne l’a pas. Ce n’est pas à la retraite qu’on va davantage s’investir si on ne l’a pas fait avant. On dit souvent que c’est une question de disponibilité et en même temps, on entend souvent que les retraités sont très occupés. Donc pour moi, c’est une façon de vivre qui peut être se perd aujourd’hui avec une société plus individualiste. Et je pense que le bénévolat peut permettre de remettre un peu de sens dans une vie en étant là pour les autres sans lien d’argent, sans lien de sang, sans aucun autre lien que l’envie d’être là. Dans le bénévolat, on se trouve une nouvelle famille, c’est une façon de faire du lien autrement. On crée du lien social et on rencontre des gens sur qui on peut compter et compter vraiment. Par exemple, professionnellement on fait du lien avec nos collègues mais ce sont des liens un peu contraints et on le voit quand on change de travail, souvent les liens se rompent. Alors que dans l’associatif, j’ai changé d’association, de département mais les liens sont restés. J’ai toujours des contacts avec les personnes que j’ai rencontrées dans ce cadre là car on y vient parce qu’on en a envie et qu’on partage le même but, le même objectif.

Vous êtes en activité professionnelle, vous avez deux enfants et de multiples activités de bénévoles. Comment parvenez-vous à concilier vos actions bénévoles avec les différents aspects de votre vie ?

C’est une question qui revient très souvent. Pour moi, la plus grosse part du travail, c’est de trouver d’autres bénévoles car il est crucial de bien s’entourer et de travailler en équipe pour répartir les tâches. Plus on est nombreux, moins il y a de choses à faire ! Donc il faut de l’organisation au niveau associatif mais également au niveau personnel. Lorsqu’on s’engage, on engage toute la famille. J’ai une famille qui est soutenante par rapport à ça ce qui permet de trouver des solutions. C’est vrai que je suis moins devant la télé le soir quand les enfants sont au lit et que je suis pas mal mobilisé les weekend. Après de nos jours, on a droit à des jours et des heures pour faire du bénévolat sur nos horaires de travail. Ils ne sont pas trop connus mais ils ont le mérite d’exister et donc de faciliter les choses. Les instances, structures et associations s’adaptent aussi compte tenu de la crise du bénévolat. Ils choisissent des horaires adaptées par exemple. Mais il n’y a pas de secret, la clé, c’est l’organisation à tous les niveaux. J’ajouterais quand même qu’il faut savoir dire non aussi. C’est important de pouvoir poser ses limites, dire ce qu’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire. On est dans un monde de bénévoles donc tout le monde sait qu’on n’est pas toujours forcément disponible. Mais les associations sont à l’écoute de ça et sont dans la bienveillance. 

Vos enfants sont encore jeunes mais pensez-vous qu’ils suivront votre parcours de bénévole ? Venez vous d’une famille où le bénévolat est présent ?

C’est important pour moi de transmettre les valeurs du bénévolat à mes enfants parce que je pense que ce sont les associations qui sont capables de faire bouger le monde. Et on le voit dans la lutte pour l’accessibilité des personnes ayant un handicap par exemple, et bien d’autres luttes encore. Ce sont les associations qui ont toujours réussi à faire entendre leurs voix. Donc effectivement, j’espère que mes enfants s’engageront plus tard! Ma fille de 13 ans commence à s’y intéresser. Elle vient lors des réunions et elle participe un peu à son niveau. Par exemple, on a un projet, avec quelques personnes, de construction d’une nouvelle association et elle nous a aidé bénévolement en gardant les enfants des participants à une des réunions. Elle était contente d’avoir fait ça. C’est une première étape vers le bénévolat. Moi, je ne viens pas d’une famille de bénévoles. C’est un monde que je ne connaissais pas du tout. Comme quoi, on est pas obligé de connaître pour faire! Mais je viens d’une famille d’ouvriers, une famille ou il y avait beaucoup d’entraide. On ne passait pas forcément par l’associatif à l’époque mais il y avait quand même des valeurs d’entraide qui selon moi sont la base du bénévolat. Ce sont des valeurs qui se sont un peu perdues aujourd’hui et à mon sens l’associatif à aujourd’hui toute sa place pour recréer du collectif et du lien dans notre société. 

Selon vous, comment pourrait-on encourager davantage de personnes à s’engager bénévolement et à les fidéliser auprès des associations ? Que diriez-vous aux personnes qui n’osent pas franchir le cap ?

En premier, je dirais qu’il faut redéfinir ce qu’est le bénévolat. Il y a bien des gens qui le font encore, c’est qu’il y a une raison ! Le présenter comme une opportunité de construire un réseau, de trouver une nouvelle famille peut être une bonne porte d’entrée. Ensuite, je pense qu’il faut accompagner davantage les personnes intéressées. Souvent, elles n’ont pas le réseau nécessaire, ne savent pas où aller, à qui demander et comment faire. Communiquer davantage donc mais avec une communication adaptée. J’ai accompagné professionnellement beaucoup de personnes qui en partant à la retraite voulaient s’engager parce qu’ils avaient peur de l’ennui et d’être mis de côté socialement. Pour les jeunes, les raisons de l’engagement ne sont pas les mêmes. Peut être qu’un bénévole plus jeune, ne va pas forcément chercher un sens existentiel mais plutôt un collectif, de la rencontre ou un réseau. Je pense qu’il faut réfléchir à ce qui, de nos jours, motive quelqu’un à faire du bénévolat, faire une analyse motivationnelle et mettre en avant que le bénévolat peut répondre à ses attentes. Souvent les personnes deviennent bénévoles parce qu’elles sont adhérentes dans une association. Donc l’idée, c’est de réfléchir à ce qui les pousse à franchir le cap, à transformer l’essai si je peux dire, et de voir ce qu’il faut faire pour en motiver davantage. C’est vrai qu’Internet a changé la donne, on a l’impression d’avoir du savoir et de ne pas avoir besoin des autres. Les associations offrent une mise à jour des informations qu’on trouve sur le net et puis rien ne remplace le contact humain. Donc il y aura toujours besoin de bénévoles.  Il reste important de rappeler aussi que chacun peut contribuer à sa manière sans pression. Je pense qu’un bon bénévole est celui qui va donner quand il va pouvoir donner. Tout le monde peut être bénévole, tout le monde peut y trouver une place, il y en a pour tous les goûts, c’est juste une question de volonté ! Je terminerai en disant qu’à mon sens, le principal enjeu dans le recrutement de bénévoles aujourd’hui, c’est que les associations ne restent pas seules dans leur coin. Il faut les accompagner pour qu’elles se regroupent afin d’avoir plus d’impact et plus de force, qu’elles travaillent ensemble pour faire réseau.