Représentation

Entretien avec Espérance, trésorière de l’Udaf 65 et bénévole passionnée : un besoin d’aider les autres et d’apporter quelque chose à la communauté.

En décembre, l’Unaf propose l’opération « Merci pour les familles » pour célébrer le bénévolat. A cette occasion, l’Udaf 65 a souhaité faire un portrait de certains de ses bénévoles afin qu’ils racontent leurs parcours de bénévoles, qu’ils nous expliquent comment et pourquoi ils sont engagés, ce que ça implique et comment concilier cet engagement avec une profession et avec une vie de famille.

Nous avons rencontré Espérance, trésorière de l’Udaf 65, le 04 décembre dernier. Elle a eu l’amabilité de venir en fin de journée juste après avoir quitté son travail.  Espérance à 59 ans et est donc toujours en activité. Elle est fonctionnaire territoriale et exerce le métier de responsable de cantine à temps plein. Espérance est engagée dans le bénévolat depuis plus d’une trentaine d’années, 33 ans pour être exact ! Elle nous confie qu’elle est veuve, mère d’une fille de 35 ans, grand-mère de deux adorables petits enfants de 13 ans et 5 ans dont elle s’occupe assez souvent et qu’elle est aussi aidante familiale.

Pour commencer, pouvez-vous nous dire quels sont vos engagements bénévoles à ce jour et nous décrire un peu votre parcours de bénévoles ?

Aujourd’hui, je suis bénévole trésorière à l’Udaf des Hautes-Pyrénées avec des mandats de représentation en Commission des usagers à la clinique de l’Ormeau, au CDEN et la CAF. Je suis aussi bénévole trésorière au sein de l’association familiale laïque de Bagnères et engagée au Don du sang. Tout a commencé quand ma fille est rentrée à l’école. On m’a proposé de rejoindre l’association des parents d’élèves, et de là, j’ai continué vers l’activité de DDEN (déléguée départementale de l’éducation nationale) qui est une mission bénévole. Puis je suis allée vers d’autres causes, comme les associations laïques ou le comité des fêtes de la ville par exemple. Je me suis engagée dans toutes ses associations soit par opportunités, soit parce que je connaissais des personnes déjà engagées dans telle ou telle association, et en fonction de ma propre expérience ou de mes besoins et envies à un moment donné.

Quelle définition du bénévolat donneriez-vous ? 

Être bénévole, c’est s’engager librement sur son temps personnel, mener des actions non rémunérées, apporter de mon temps et de mes compétences. Par exemple, dans toutes les associations auprès desquelles je suis engagée, je suis trésorière ou je l’ai été parce que j’aime les chiffres et que je suis comptable de formation. 

Que vous apporte le bénévolat ?

Comme je le disais un peu avant, le bénévolat, c’est donner de son sang enfin de son temps – lapsus révélateur ! – un sens à sa vie, aider les autres. Donc déjà ça m’apporte de la satisfaction. Ensuite, en faisant du bénévolat, je revois des gens que je n’avais pas revu depuis longtemps. Cela me permet d’élargir mes connaissances, mon réseau, d’avoir un contact avec différentes générations. Je n’ai quasiment jamais arrêté d’en faire. Un peu lors décès de mon mari, mais je m’y suis vite remise car j’avais besoin de sortir, de voir du monde. Finalement on peut dire que ça m’a un peu aidé à surmonter cette épreuve. Pour moi, faire du bénévolat, c’est un besoin. Je suis un peu hyperactive et comme dit ma fille “ ne dites jamais à ma mère qu’elle a l’air fatigué parce qu’elle se fâche”. Aider les autres, ça a toujours été naturel pour moi et ça depuis aussi loin que je m’en souvienne. Quand j’étais jeune, j’allais faire la vaisselle gratuitement au centre par exemple, juste pour aider. Je ne me suis jamais posée la question de faire ou pas du bénévolat finalement, ça a toujours été évident. Comme je ne me pose pas la question de si je vais arrêter un jour ! Et d’ailleurs, je me dis même, vivement la retraite que je puisse m’investir davantage et avec plus de facilité et pourquoi pas monter en compétence dans certains domaines. Parce que c’est aussi ça qu’apporte le bénévolat, c’est une forme de formation, une autre manière de développer ses compétences. 

Vous avez une fille et des petits enfants, ont-ils suivi votre parcours de bénévole ?

Ma fille ne fait pas de bénévolat. Elle voit tout ce que je fais et tout ce que j’ai toujours fait, elle n’en a pas souffert d’après ce qu’elle me dit, mais elle a ses propres priorités et ne ressent pas le besoin de s’investir dans le bénévolat. Chacun trouve son équilibre différemment, et elle a d’autres choses qui lui tiennent à cœur. Mes petits-enfants sont encore jeunes, il est trop tôt pour dire s’ils feront du bénévolat mais le plus âgé pose des questions sur mes engagements.

Être trésorière bénévole dans plusieurs associations, engagée dans des mandats de représentations tout cela en ayant un emploi et une vie sociale et familiale demande beaucoup de temps. Comment arrivez-vous à concilier toutes ses activités ?

En jonglant avec mon emploi du temps ! C’est avant tout une question d’organisation et d’anticipation. C’est vrai que mes journées sont très chargées mais le secret, c’est que je ne regarde jamais la télé, et ma soupe pour ce soir est déjà prête ! Après, ce qui est plus compliqué pour moi aujourd’hui, c’est que j’ai un peu de mal à me détacher pendant mon temps de travail. Mais avec une programmation faite à l’avance, on y arrive quand même. Et puis, mon entourage est au courant de mes différents engagements donc ils savent et facilitent les choses. Par exemple, mon petit fils avant de demander à venir chez moi demande si je n’ai pas réunion !

Justement, selon vous comment peut-on améliorer le recrutement de nouveaux bénévoles et les fidéliser ? Que diriez-vous aux personnes qui ont envie de se lancer mais qui ont peur de ne pas arriver à tout concilier ? 

Mon conseil serait de ne pas avoir peur de se lancer mais de commencer petit. Je veux dire par de petits engagements faciles à placer ça et là. Ne sous-estimez pas l’impact positif que vous pouvez avoir en donnant un peu de votre temps. Je pense que si les gens ont peur de s’investir, c’est parce qu’ils craignent de ne pas avoir suffisamment de temps. C’est vrai que la société a évolué, les priorités ont changé et aujourd’hui la vie est plus difficile peut-être. Le bénévolat s’adapte à votre emploi du temps, et la satisfaction personnelle vaut bien l’investissement. C’est vrai que ça peut être un peu compliqué quand on travaille mais les associations et les organismes s’adaptent. Justement avec la crise du bénévolat, ils ont tellement besoin de bénévoles qu’ils n’ont pas d’autre choix que de s’adapter aux contraintes des personnes volontaires. Et puis, il ne faut pas avoir peur de s’engager car nous restons des bénévoles donc quand on ne peut pas, il faut le dire et c’est ok. Pour les fidéliser, je pense que cela passe par la valorisation des personnes et de leurs compétences. C’est essentiel. Il faudrait également sensibiliser davantage les jeunes, peut-être en intervenant dans les écoles et les lycées, les questionner sur ce qu’ils savent du bénévolat, s’ils connaissent des personnes qui font du bénévolat… Après, je pense qu’il n’y pas que les jeunes à sensibiliser. Tout le monde devrait avoir une meilleure connaissance du bénévolat. Une communication plus efficace sur ce qu’est être bénévole, les avantages personnels que cela peut apporter et sur la diversité des actions associatives pourrait aussi être bénéfique.

Le mot de la fin ?

N’ayez pas peur de vous engager mais commencer petit et avec une cause qui soit vous tient vraiment à cœur, soit vous touche personnellement. Et ne prenez pas de responsabilités que vous ne vous sentez pas d’assumer. Moi par exemple, je ne souhaite pas accéder à la présidence d’aucune des associations dans lesquelles je suis bénévole car je trouve que c’est trop de responsabilités et d’engagement. Trésorière est un niveau de responsabilité qui me convient et qui correspond à mes compétences. Je pense que la clé, c’est aussi de bien se connaître et d’être aligné avec ses valeurs.