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[Semaine de la médiation] Projecteur sur le métier de médiateur/médiatrice familial(e)

A l’occasion de la semaine de la médiation, nous avons voulu braquer nos projecteurs sur le métier de médiateur/médiatrice familial(e). Quels parcours? Pourquoi? Comment est vécu ce métier, en quoi consiste-t-il? Voilà les questions posées à Emilie et Sylvie, les deux médiatrices familiales de l’Udaf 65.

Nous interrogeons d’abord Sylvie, en poste depuis 1 an et demi à l’Udaf 65. Elle nous raconte son parcours : “De formation éducatrice spécialisée, j’ai toujours travaillé dans le milieu social et dans des métiers en lien avec les enfants. J’ai travaillé au sein d’instituts médico-éducatifs (IME) et de services d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD), j’ai exercé des mesures d’actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) et d’aide à la gestion du budget familial (AGBF). L’idée de devenir médiatrice m’est venue au cours de ma carrière quand j’ai pris conscience des répercussions qu’avaient les conflits des parents sur les enfants, l’impact que cela pouvait produire sur leur développement, leurs comportements. Je me suis donc intéressée à ce métier de médiatrice familiale et je me suis lancée dans la formation.”

Cette formation, qui mène à un diplôme d’Etat, se déroule en moyenne sur deux ans et demi et comporte 490 heures de théorie et 105 heures de pratique sous forme de stage. Il existe cependant une deuxième façon d’accéder à ce diplôme d’Etat et c’est le choix qu’a fait Emilie en s’inscrivant dans un parcours de VAE.

Après des études de droits, elle s’est engagée dans la formation de médiateur/médiatrice familial(e) mais par manque de pratique, elle a échoué lors de l’examen final. Suite à cela, souhaitant entrer dans le monde du travail sans tarder, elle s’est lancée dans les métiers de juriste et déléguée mandataire à la protection juridique des majeurs, profession qu’elle exerce au sein de l’Udaf 65 depuis une dizaine d’années. Mais l’idée de terminer cette formation a toujours été dans un coin de sa tête et l’opportunité d’avoir un service de médiation familiale à proximité lui à donner l’envie de se lancer à nouveau dans ce parcours. 

Quand nous questionnons ses motivations, elle explique : “Au cours de ma carrière de déléguée mandataire, j’ai vu énormément de conflits dans les familles par rapport aux successions, aux placements d’un parent en institution, etc… Et le délégué mandataire est souvent mis au milieu de ces conflits, comme s’il pouvait tout arranger, faire les liens entre les parties et résoudre tous les problèmes d’un claquement de doigts. Hors, ce n’est pas vraiment la mission d’un délégué mandataire. C’est comme ça que je me suis dit que la médiation familiale est un outil sur lequel nous devrions nous appuyer un peu plus et qui mériterait d’être davantage connu.”

Car effectivement de l’avis de nos deux professionnelles, la médiation familiale souffre un peu de méconnaissance tant au niveau du grand public que des professionnels.

Pourtant la démarche est simple comme nous l’indiquent Emilie et Sylvie. Le premier entretien est gratuit et ensuite si les deux parties sont d’accord la médiation peut se mettre en place. Avec en moyenne 2 ou 3 séances, la communication peut être rétablie et les problèmes résolus. Tout l’intérêt d’une médiation est donc dans la participation des personnes à la résolution des conflits qui les opposent, ce sont des solutions co-construites ou chaque parti est acteur.

Bien sûr, toutes les médiations n’aboutissent pas mais pour les aider dans leur pratique, les médiatrices ont à leur disposition des outils tels que la roue de Fiutak et s’appuient sur des supports comme les 7 étapes du deuil du couple ou les 5 langages de l’amour par exemple. Et quand une médiation n’aboutit pas, qu’elle ne se passe pas bien, ou que les professionnelles ne savent pas trop comment appréhender une situation, elles peuvent en parler en analyse des pratiques (GAP). C’est une instance obligatoire au sein de laquelle chacun peut s’exprimer, se questionner et discuter des difficultés rencontrées. Ces réunions permettent une réflexion collective sur différents sujets en lien avec la médiation et une prise de recul nécessaire à cette fonction.

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que Sylvie insiste. Le fait de prendre du recul, de rester dans une position neutre et impartiale tout en ayant une attitude empathique, de ne pas se laisser embarquer par l’une ou l’autre personne lors d’une médiation, sont selon elle des qualités primordiales à avoir ou à acquérir avec l’expérience pour devenir un(e) médiateur/médiatrice chevronné(e). Toutes deux mettent également en avant un besoin d’expérience professionnelle antérieure, d’expérience de vie aussi, pour exercer ce métier le plus sereinement possible.

Mais ce qui ressort avant tout de cet entretien, c’est que pour nos deux collègues comme pour la majorité des autres professionnels du social, leur métier est un engagement au plus proche de leurs convictions personnelles, une véritable passion. C’est, selon elles, un métier qui n’est pas simple, qui peut parfois prendre beaucoup d’énergie, mais le sentiment d’utilité, la satisfaction d’un accompagnement mené à son terme, un sourire en fin de médiation sur un visage fermé en début de rencontre, un merci d’un parent qui a pu renouer le contact avec son enfant sont autant de récompenses, qui les confortent dans leur choix de carrière.

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